L'ULM revisité

Les ailes du design

ULM - Étudiants de l'Esadse, Christophe Marx, 2019
Un ULM à la Cité du design. Quèsaco ? Cet engin ultra léger n'a pratiquement pas évolué depuis ses premières apparitions dans les années 1970. C'est le constat fait par les étudiants de l'Esadse. En tant que designers, ils y ont vu une invitation à questionner, repenser et réinventer le planeur Ultra Léger Motorisé.
Une approche esthétique et technique

L'ULM est resté le même depuis sa création au début des années 1970. Pensé et construit pour voler, cet objet technique n'a pas évolué. Encadrés par Christophe Marx, professeur de design d'objet, et avec la collaboration de Jean Michel Joly, un pilote professionnel, les étudiants de l'Esadse se sont penchés sur son allure, sa sécurité et son ergonomie. Exposé au milieu de la Serre, il interpelle par son originalité. Sa forme simple et aérodynamique rappelle les ailes d'un oiseau. La coque autoporteuse en fibre de verre lui donne une allure sportive. Le tout rose pétant et bleu électrique. Il s'agit d'entreprendre « une approche différente du design », précise Christophe Marx, de s'éloigner du design décoratif en se confrontant à des problèmes techniques tels que le calcul du centre de gravité. Revisiter un objet jamais stylisé, faire face à un cahier des charges précis, apporter une touche d'esthétisme, le design offre une multitude de possibilités.
L'ULM, voler sans contraintes

Icare, ivre de liberté, a volé trop près du soleil. Dans la réalité, l'homme mène cette quête depuis au moins 500 ans : Léonard de Vinci dessinait déjà au XVe siècle une multitude de machines volantes. Entre croquis et concret, il n'y a qu'un pas. Fausto Veranzio sauta d'une tour en 1616 avec une toile pour ralentir sa chute. Osé et risqué, il atterrit en un seul morceau. Mais c'est en 1950 que Francis Melvin Rogallo, en cherchant pour la NASA un parachute qui ramèneraient sur terre les fusées, imagine le deltaplane. Profitant des airs ascendants, les amateurs de sensation fortes ont rapidement ajouté un petit moteur pour se libérer des contraintes liées au vent. En 1975 apparaissent les premiers prototypes fiables d'ULM en France. Cependant, cette nouvelle pratique n'est pas sans danger. Pressés de tester cette nouvelle liberté et peu formés, les pilotes ignorent les conditions météorologiques. Suite à de nombreux incidents, la presse s'empare du sujet et renomme l'ULM, l' « Ultra Léger Mortel ». Par la suite, les réglementations s'étoffent, la formation des pilotes est plus encadrée et l'engin devient plus fiable.
ULM - Étudiants de l'Esadse, Christophe Marx, 2019ULM - Étudiants de l'Esadse, Christophe Marx, 2019
ULM - Étudiants de l'Esadse, Christophe Marx, 2019ULM - Étudiants de l'Esadse, Christophe Marx, 2019
Un vol pour tous

L'ULM tend vers plus de sûreté mais sa forme est restée la même. Il était peut-être temps de le revisiter. Les futurs designers ont repensé l'ensemble et amélioré le confort. Ce dernier point est important. L'ULM permet de voler. Simplement. Sans contraintes. Il permet de s'émanciper et de prendre de la hauteur. Il est accessible à tous et chacun peut se l'approprier. Les bricoleurs le construisent eux-mêmes et les personnes en situation de handicap gagnent en autonomie : contrairement au deltaplane ou au parapente, il n'est pas nécessaire de courir ou de se réceptionner sur ses jambes. Personne n'est laissé à l'écart. Nous comprenons ainsi le rôle important du design à investir tous les domaines qui nous entourent et la valeur ajoutée qu'il peut apporter à des objets purement techniques.
Camille Javelle
La lettre de la Cité

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