Fantastique plastique
De la matière et des souvenirs
Le mur des Matières à curiosité à la Platine.
Dans l'exposition Matières à curiosité, faites tourner les matières et percez leurs secrets. Et redécouvrez, ici, le plastique.
Entrez dans un monde de matières, de formes, de textures aux allures luxueuses, pauvres, urbaines, traditionnelles, conventionnelles ou amusantes. Ici les matières vous font de l'œil. Attachées à un large mur, brutes, sans nom, elles invitent le visiteur à les toucher. Dans ce lieu, prière de caresser, appuyer, bouger, mouiller. Les matériaux s'offrent à nu, sans enveloppe ni application suggérée. Ils font appel aux imaginaires comme aux souvenirs. Au-delà de leur toucher (froid, lisse, rugueux, doux ou irritant), ils sont des relais d'émotions : réconfortantes, repoussantes, effrayantes... Qu'elle soit tactile, olfactive ou visuelle, la rencontre avec les matières nous replonge dans les choses vécus. Retournez les panneaux, chacune d'entre elles vous raconte son histoire. Souvent, elle a façonné nos paysages, elle symbolise l'histoire économique et sociale de nombre de lieux.
Son père, le Père Noël
Laissez-moi vous raconter l'histoire d'une matière exceptionnelle : le plastique. Placé aujourd'hui sur le banc des accusés, il présente à mes yeux un caractère extraordinaire.
Originaire d'Oyonnax, l'ancienne Plastic Valley, je me souviens de ces histoires sur les fabricants de la ville, sur les familles, les jouets, les lunettes, les poupées, les salons de jardin. Un de mes amis, artisan lunetier, m'avait avoué avoir cru, enfant, que son père était le Père Noël: il fabriquait des jouets à l'usine Smoby de la région. Il y avait une part de magie à voir ses propres cadeaux fabriqués en très grand nombre et dans le plus grand secret, sous les tôles d'acier d'usines plantées là, un peu partout. Ces larges boîtes étaient semblables à des chapeaux de magiciens d'où sortaient miraculeusement des milliers de choses fabriquées comme par des lutins.
Révélateur de personnalité
Si j'ai une relation particulière avec cette matière, pour la plupart d'entre vous il n'en est rien. Observons pourtant un objet d'apparence simple : la paire de lunette. Beaucoup d'entre nous en portons au quotidien en ignorant qu'elles sont faites d'un plastique bien précis, particulièrement léger, à la personnalisation infinie, se travaillant à chaud et possédant de nombreux secrets de façonnage pour le rendre unique : l'acétate de cellulose. Réduire ce matériau à un vulgaire plastique polluant responsable du désastre environnemental revient à ignorer les nombreux efforts d'ingénierie et de design réalisés pour créer ce dispositif médical devenu objet de grande consommation, un accessoire de mode révélateur de personnalité. Cet amalgame illustre une facette du monde dans lequel nous vivons : un monde si chargé d'objets que nous en venons à oublier leur essence, ce dont ils sont faits.
L'ombre de l'objet
Il y a peu, tout ce que l'homme construisait était en pierre, en bois, en terre (céramique et autres) ou en verre. Des matériaux faciles à distinguer. Aujourd'hui ce classement est impossible à faire tant ils sont nombreux et ont évolué pour répondre aux exigences industrielles, sociétales et environnementales. Plus encore, à l'ère des techniques d'impression 3D, c'est la matérialisation d'un fichier informatique qui est valorisée, reléguant au second rang le matériau. L'objet compte plus pour ce qu'il fait, que pour ce en quoi il est fait. Du domaine de la mode à celui du mobilier, la consommation sans fin de produits à bas prix tend à effacer la culture du matériau, noble dans les efforts et le travail qu'il demande pour le mettre en forme. Ignorer le matériau, c'est n'accéder qu'à l'ombre de l'objet. Au contraire, décrypter ce qui fait le corps des objets, c'est donner des clés supplémentaires à notre lecture du monde.
A l'ère de la recherche cruciale de durabilité des choses, c'est bien la résistance matérielle et esthétique, portée entre autres par un choix logique et scrupuleux de matériau, qui amènera à la production d'objets séduisants, désirables et durables.
Victoria Rosello
A voir dans Les matières à curiosité, à la Platine.
Entrez dans un monde de matières, de formes, de textures aux allures luxueuses, pauvres, urbaines, traditionnelles, conventionnelles ou amusantes. Ici les matières vous font de l'œil. Attachées à un large mur, brutes, sans nom, elles invitent le visiteur à les toucher. Dans ce lieu, prière de caresser, appuyer, bouger, mouiller. Les matériaux s'offrent à nu, sans enveloppe ni application suggérée. Ils font appel aux imaginaires comme aux souvenirs. Au-delà de leur toucher (froid, lisse, rugueux, doux ou irritant), ils sont des relais d'émotions : réconfortantes, repoussantes, effrayantes... Qu'elle soit tactile, olfactive ou visuelle, la rencontre avec les matières nous replonge dans les choses vécus. Retournez les panneaux, chacune d'entre elles vous raconte son histoire. Souvent, elle a façonné nos paysages, elle symbolise l'histoire économique et sociale de nombre de lieux.
Son père, le Père Noël
Laissez-moi vous raconter l'histoire d'une matière exceptionnelle : le plastique. Placé aujourd'hui sur le banc des accusés, il présente à mes yeux un caractère extraordinaire.
Originaire d'Oyonnax, l'ancienne Plastic Valley, je me souviens de ces histoires sur les fabricants de la ville, sur les familles, les jouets, les lunettes, les poupées, les salons de jardin. Un de mes amis, artisan lunetier, m'avait avoué avoir cru, enfant, que son père était le Père Noël: il fabriquait des jouets à l'usine Smoby de la région. Il y avait une part de magie à voir ses propres cadeaux fabriqués en très grand nombre et dans le plus grand secret, sous les tôles d'acier d'usines plantées là, un peu partout. Ces larges boîtes étaient semblables à des chapeaux de magiciens d'où sortaient miraculeusement des milliers de choses fabriquées comme par des lutins.
Révélateur de personnalité
Si j'ai une relation particulière avec cette matière, pour la plupart d'entre vous il n'en est rien. Observons pourtant un objet d'apparence simple : la paire de lunette. Beaucoup d'entre nous en portons au quotidien en ignorant qu'elles sont faites d'un plastique bien précis, particulièrement léger, à la personnalisation infinie, se travaillant à chaud et possédant de nombreux secrets de façonnage pour le rendre unique : l'acétate de cellulose. Réduire ce matériau à un vulgaire plastique polluant responsable du désastre environnemental revient à ignorer les nombreux efforts d'ingénierie et de design réalisés pour créer ce dispositif médical devenu objet de grande consommation, un accessoire de mode révélateur de personnalité. Cet amalgame illustre une facette du monde dans lequel nous vivons : un monde si chargé d'objets que nous en venons à oublier leur essence, ce dont ils sont faits.
L'ombre de l'objet
Il y a peu, tout ce que l'homme construisait était en pierre, en bois, en terre (céramique et autres) ou en verre. Des matériaux faciles à distinguer. Aujourd'hui ce classement est impossible à faire tant ils sont nombreux et ont évolué pour répondre aux exigences industrielles, sociétales et environnementales. Plus encore, à l'ère des techniques d'impression 3D, c'est la matérialisation d'un fichier informatique qui est valorisée, reléguant au second rang le matériau. L'objet compte plus pour ce qu'il fait, que pour ce en quoi il est fait. Du domaine de la mode à celui du mobilier, la consommation sans fin de produits à bas prix tend à effacer la culture du matériau, noble dans les efforts et le travail qu'il demande pour le mettre en forme. Ignorer le matériau, c'est n'accéder qu'à l'ombre de l'objet. Au contraire, décrypter ce qui fait le corps des objets, c'est donner des clés supplémentaires à notre lecture du monde.
A l'ère de la recherche cruciale de durabilité des choses, c'est bien la résistance matérielle et esthétique, portée entre autres par un choix logique et scrupuleux de matériau, qui amènera à la production d'objets séduisants, désirables et durables.
Victoria Rosello
A voir dans Les matières à curiosité, à la Platine.
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