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Présentiel et/ou webinaire
Simone Fehlinger, Guillian Graves, Chloé Lequette, Michka Mélo (modération)
Dans les années 1970, le climatologue James
Lovelock et la micro-biologiste Lynn Margulis présentent l'hypothèse Gaïa, qui appréhende
la Terre en tant qu'être vivant, en perpétuelle mutation et interaction.
La fréquentation du vivant tend désormais à s’imposer durablement dans les
pratiques de Design. Son étude attentive y est de plus en plus précise et
explicite.
Les designers engagé.e.s dans une recherche au plus près du vivant, voire avec
le vivant, constatent le plus souvent une complète (r)évolution de leurs
pratiques. Les dynamiques du vivant sont en effet peu prédictibles et le plus
souvent peu ou mal connues. C’est pourquoi elles exercent une inévitable
influence dans le processus de conception. Et de fait, la pratique du dessin,
inhérente à la conception, s’en trouve elle-aussi spécifiquement modifiée.
Lors de cette table-ronde, nous allons donc explorer avec trois designers la
façon dont le vivant les a invité.e.s à repenser leur approche du design, leurs
démarches de conception. Mais également examiner comment ils.elles ont été
encouragé.e.s à reconsidérer leur(s) pratique(s) du dessin en empruntant à
d’autres disciplines méthodes, outils et inspirations.
Le fait de concevoir "avec" et pour le vivant
reflète et met en scène une bifurcation qui comprend désormais le non-humain
comme acteur.
Simone Fehlinger, diplômée d'un master en arts politiques (SPEAP) à Sciences Po Paris, développe une méthodologie de recherche à la croisée entre art,
design et sciences sociales. Elle explore des réalités fondées sur des fictions
en questionnant la performativité du design et sa capacité à créer des
idéologies à travers la forme. Avec un intérêt particulier pour les imaginaires
de l'anthropocène, les fictions politiques et la culture visuelle et matérielle
contemporaine, elle interroge le design en tant que discipline définissant les
interactions entre l'homme et ses environnements naturels et artificiels. Au
sein du Deep Design Lab, elle mène actuellement le projet de recherche-design
"New Weather TV" qui s'intéresse aux images du bulletin
météorologique et les fictions modernes qu’il incruste dans nos réalités quotidiennes.
Guillian Graves, est designer, diplômé de l’École Nationale Supérieure de
Création Industrielle (ENSCI-Les Ateliers) en partenariat avec l’École
Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL). Il a fondé et dirige Big Bang
Project, son agence dont l’objectif est de développer, grâce aux sciences et au
design, des solutions innovantes en réponse aux grands défis d’aujourd’hui et
de demain. Il est également enseignant, cofondateur et coresponsable du Master
of Science Nature-Inspired Design à l’École Nationale Supérieure de Création
Industrielle (ENSCI-Les Ateliers), collaborateur du Centre de Recherche en
Design (ENSCI-Les Ateliers & École Normale Supérieure Paris Saclay),
enseignant à Sciences Po Paris, et conférencier.
Chloé Lequette, designer, illustratrice & naturaliste, s’investit pour la transition
écologique & sociale. Elle partage notamment son temps entre l'observation
de la nature, le programme d’agroforesterie “Forêts communes”, dont elle est
secrétaire générale, et son poste de responsable Design & Méthodologies
transverses au Ceebios, Centre d’études & d’expertises en biomimétisme.
Elle voit le dessin comme une pratique puissante pour nous garder curieux et
émerveillé, et pour cultiver ce sentiment d’interdépendance nécessaire avec le
vivant.
Michka Mélo est bio-ingénieur, diplômé de l’École Polytechnique Fédérale de
Lausanne (EPFL). Il mène des projets au service de l'écologie sociale, au
croisement du vivant, de la technique et de l'organisation collective, et
collabore avec des designers et des artistes. Il est actuellement conseiller en
durabilité pour les projets étudiants de l'EPFL, explorateur associé à FoAM,
collectif de recherche et de création transdisciplinaire, et intervenant en
école d'art, de design et d'ingénieurs.
Aurore Turpinat : Laisser-aller visuel
Renaud Chabrier : Le dessin comme vecteur de transformation
Manon Ménard : Dessiner pour
penser : une autre écriture
Aurore Turpinat est
une artiste née en 1995 à Dreux. Installée depuis peu dans la ville de
Clermont-Ferrand, elle continue à explorer et expérimenter une pratique
singulière de l’espace. Elle obtient en 2020 son DNSEP Art mention Espaces avec
les félicitations du jury à l’Esadse.
Sensible aux pratiques spatiales, ses recherches portent sur les mutations
d’objets via des moyens numériques. Ordonnés, classifiés et rangés, ses dessins
jouent avec l’espace.
Le processus architectural de ses différentes créations associe travail
d’enquête et création d’expériences.
Renaud Chabrier est auteur, réalisateur et
chercheur, spécialiste de la relation entre le dessin et le mouvement. Après
une formation scientifique, il s’intéresse au cinéma d’animation, à la danse
contemporaine et à l'édition jeunesse. La Cité des Sciences, où il développe de
nouvelles narrations grâce au morphing et au mapping vidéo, devient alors son
principal chantier. Après avoir soutenu une thèse sur le dessin et les sciences
du vivant en 2020, il travaille actuellement avec l’École Polytechnique sur
l’association du croquis à la main et de l’intelligence artificielle.
Manon Ménard, est designer graphique et
doctorante en design au sein du laboratoire Projekt de l’université de Nîmes.
Sa thèse porte sur les perspectives d’inclusion par le design en contexte
pédagogique depuis l’expérience d’étudiants et d’étudiantes autistes. Sa
recherche-projet s’inscrit dans le cadre du projet «Aspie-friendly, construire
une université inclusive». Elle est chargée d'enseignement de design graphique,
pratique plastique et de dessin au sein de la licence design, prospective et
société de l’université Toulouse Jean-Jaurès, et est doctorante associée au
laboratoire LLA CREATIS.
Isabelle Daëron, Axelle Grégoire, Ludovic Duhem (modération)
L’entrée dans l’ère de l’Anthropocène est avant tout
présentée comme une crise climatique planétaire produite par l’activité humaine
dont l’effet est analogue à une force géologique, mais c’est aussi une crise
des représentations qui ravive aujourd’hui les enjeux autour du dessin comme
outil de pensée dans le champ du Design. Cette table ronde propose de
s’interroger de la manière suivante : comment s’orienter et se repositionner
dans le monde sans passer par les modes de représentation dominants, notamment
ceux hérités de la modernité ? Comment habiter parmi les autres et plus précisément
parmi les autres qu’humains, en particulier par le dessin (par la ligne, la
trace, l’espace) ? Comment rétablir le lien au lieu ? Comment agir et concevoir
« dans le trouble » ?
Le dessin permet, en effet, d’interroger des dimensions insaisissables et
incommensurables par le travail de terrain, en termes d’échelle (micro et
macro) comme en termes de temps (passé et futur). Compris dans ce sens, le
dessin devient alors un outil de recherche pour le Design, qui interroge les
limites de nos systèmes perceptifs, déconditionne et libère la conception, pour
in fine penser une transformation des
pratiques par une critique de la représentation.
Isabelle Daëron, diplômée de l’ENSCI-Les Ateliers et de l’Esad à Reims, conçoit des scénarios articulant ressources naturelles et habitabilité. Ses projets mettent en perspective l’importance de l’enjeu environnemental actuel et leur champ d’application (flux, mobilité, espace public) tout en valorisant les ressources disponibles sur le territoire auquel ils sont attachés. Elle a créé le studio Idaë dont l'activité se structure autour de trois champs de compétences agissant en synergie : design urbain, design espace et recherche.
Axelle Grégoire est architecte. Elle développe des projets qui contribuent au renouvellement de la représentation des territoires et à leur réécriture, au sein de S.O.C. et de son atelier Omanoeuvres. Ce travail transdisciplinaire s'exprime à travers différents médias : de la cartographie (Terra Forma publié en 2019 aux Éditions B42) aux jeux coopératifs (Sylvarama depuis 2018). Depuis 2020, elle est doctorante au CESCO (MNHN) sous la direction d'Anne-Caroline Prévot et enseigne également à l’ESAD-Valenciennes.
Ludovic Duhem est artiste et philosophe. Il est actuellement coordinateur de la recherche et enseigne la philosophie de l'art et du design à l'Ésad de Valenciennes. Ses recherches portent sur les relations entre esthétique,technique et politique à travers les enjeux écologiques. Il travaille également à développer une théorie écosociale du design à partir de la pensée mésologiqueet biorégionaliste. Il a récemment dirigé pour l'Ésad de Valenciennes les ouvrages Design écosocial. Convivialités,pratiques situées et nouveaux communs (avec Kenneth Rabin,It:éditions, 2018) ; Design des territoires. L'enseignement de la biorégion (avec Richard Pereira De Moura, Eterotopia, 202O) ;et Écologie et technologie. Redéfinir le progrès après Simondon (avec Jean-Hugues Barthélémy, Éditions Matériologiques, 2022).
Clémence Mathieu, Cartographies relationnelles pour le design des paysages de l’eau
Clémence Mathieu
exerce une activité professionnelle de paysagiste conceptrice, ainsi qu’une
activité artistique, d’écriture et de recherche, avec un intérêt pour les
territoires où les relations entre mondes humains et mondes non-humains
s'entremêlent.
Elle s’interroge sur les représentations et la fabrique des paysages, et sur
l’implication des processus fictionnels dans l’élaboration des projets
d’aménagements. Elle tente, par le biais du récit fictionnel, de proposer des
outils capteurs et créateurs de soin, d’attachement et de mondes communs pour
la lecture et le projet de paysage.
Sophie Pène est commissaire de l’exposition Le Monde Sinon Rien, exposition dédiée
aux transformations des écoles de création sous la poussée des étudiants,
lucides sur les mutations sociales et écologiques. Professeure en sciences de
l’information et de la communication à l'université de Paris (2005 -2021), elle
est membre du Conseil National du Design (2021-2023). Elle a été membre et
vice-présidente du Conseil national du numérique (2013-2017), de la
Fabrique de l’industrie et du Conseil scientifique de l’institut Mines Telecom.
Ce colloque est co-organisé par le Ministère de laCulture et la 12e Biennale Internationale Design Saint-Étienne
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