L’exposition Le Monde, sinon rien est un véritable appareil d’expérimentation qui s’offre à la participation du public. En pénétrant dans l’exposition, le visiteur découvre une immense carte qui couvre le sol et représente un domaine d’exploration, celui que chaque année les enseignants des écoles d’art et de design offrent à leurs étudiants et que ceux-ci arpentent, documentent, transforment. La carte réunit cinq régions :
• Fantômes rappelle la place du passé et des héritages dans lesquels s’ancrent les explorations.
• Enquête évoque le travail créateur dans les écoles d’art et design, dans les laboratoires de recherche où chacun part d’une curiosité ou d’une question, puis mène son expédition en cherchant des sources et des analogies.
• Territoire désigne la forme issue des enquêtes. Il s’agit de l’espace esthétique, mental ou physique où l’on vit et que l’on vit.
• Polyphonie est le terme qui traduit la vie sensorielle d’un territoire. Il y a des sons, des chants, des voix. La polysensorialité est le signe que des mondes vivants coopèrent en interdépendance, en émulation et, parfois, en tension. Ce sont les puissances transformatrices dans des mondes inter-espèces où les humains ont appris à prendre une place plus modeste et une attitude observatrice.
• Diplomaties rappelle que la traduction et l’accompagnement sont une fonction de l’activité créatrice. Cela, principalement dans un monde en transformation, où certains – majoritairement les plus jeunes - captent des alertes, des traces, des pistes que tout le monde ne perçoit pas encore. Les mondes révélés par des jeunes créateurs et chercheurs rendent sensibles des possibilités que l’on peut, à son tour, ressentir et s’approprier pour ses propres intentions et projets.
La scénographie invite à se projeter dans les domaines d’aventure que sont les écoles, espaces d’expériences, métaphores de la vie vécue et de la vie à inventer. Nous parlons d’une période où l’on apprend en même temps que l’on découvre. La jeunesse s’avance dans une totale incertitude vers un monde terrestre a priori invivable s’il n’advient pas des changements profonds dont elle sera nécessairement l’autrice. Les artistes, designers et chercheurs sont des passeurs, voire des « fixeurs » (au sens anglais de to fix, réparer, arranger et rendre un chemin praticable pour autrui). La création apparaît comme étant la source des bifurcations essentielles, celles de la sensibilité, de l’empathie, du désir et du pouvoir d’agir.
Le Monde, sinon rien est aussi un réseau durable qui prend forme dans le site web éponyme (www.lemondesinonrien.fr) et s’affirme comme le noyau d’un « Bauhaus du vivant ». Il s’agit d’une école, au sens de « faire école », avec un réseau d’écoles de création de toutes formes. Ce Bauhaus du vivant ouvre une séquence de 5 à 10 ans pour, à l’instar du Bauhaus de Weimar ou du Black Mountain College, réunir des explorations, les faire résonner entre elles et amplifier le pouvoir de la création dans les transitions qui s’annoncent.
Benjamin Graindorge est enseignant à l’Esadse, diplômé de l’ENSCI – les Ateliers en 2006. Après être parti en résidence à la villa Kujoyama à Kyoto, il revient en France pour collaborer avec François Bauchet sur la scénographie générale de la Biennale Internationale du Design de Saint-Étienne 2010. Depuis, Benjamin Graindorge a la chance d’explorer toutes les facettes des arts appliqués : du design industriel au design d’édition, de la recherche à des projets d’art contemporain.
Sophie Pène est professeure en sciences de l’information et de la communication, enseignante au Learning Planet Institute (Université Paris Cité) et chercheuse au laboratoire Dispositifs d'Information et de Communication à l'Ère Numérique (DICEN IdF) (Cnam). Membre et vice-présidente du Conseil national du numérique (2013-2017) et directrice de la recherche à l’ENSCI-Les Ateliers (2009- 2012), elle est aujourd'hui membre du Conseil National du design, du Conseil scientifique du PEPR Numérique éducatif, et de la Chaire Transformations de l'action publique (Sciences-Po Lyon).
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