Plongé dans une époque devenue fluctuante, marquée par l’épuisement annoncé de certaines ressources, la réalité palpable du changement climatique et la mise en doute de certaines certitudes modernes, le designer se sent « intranquille », ce qui l’amène à questionner sa pratique.
Commissaire générale
Laurence Salmon
Co-commissaires
Frédéric Beuvry, Isabelle Daëron, Sylvia Fredrikkson, Marlène Huissoud, Anna Saint Pierre, Laurent Massaloux, Étienne Mineur, Philippe Rahm, natacha.sacha
Scénographe
Joachim Jirou-Najou
L’exposition Ressource(s), présager demain porte la thématique de cette 13e édition de la Biennale Internationale Design de Saint-Étienne. Elle a été pensée comme une exposition chorale autour de la figure centrale du designer. Elle donne voix à neuf designers invités en tant que commissaires qui, chacune et chacun, à travers sa sélection, font entendre son point de vue.
Neuf sections, comme autant de chapitres sur le sujet de la ressource – Déjà-là, Terres promises, Le devenir industriel, Minimum / Maximum, En mode hybride, Créer avec l’IA, Le design des communs, Design climatique, Les autres vivants – qui identifient et questionnent les moyens d’action que le design convoque aujourd’hui face à une réévaluation des méthodes de production et de consommation dans un monde en dette écologique.
Par la multiplicité des projets réunis par les designers/ commissaires, cette exposition apparait comme un « gisement d’idées et de projets ». La scénographie du designer Joachim Jirou-Najou assure la cohérence du parcours et de la programmation, tout en mettant en valeur les projets et les prises de position.
Ressource(s), présager demain
« Une ressource est un gisement
à exploiter. Cette idée forte
au XIXe siècle résonne avec
l’histoire manufacturière de
Saint-Étienne. Aujourd’hui, la
logique extractive est remise
en cause. Par contre, la notion
de ressources locales, propres
à un territoire, est valorisée.
La polysémie du mot ressource
permet une très grande
appropriation. Il est riche de
sens. Tout est susceptible
de constituer une ressource,
y compris les productions
intellectuelles et culturelles. Le
capital humain est évidemment
une ressource (les savoir-faire,
l’expérience…).»
Le design,
moteur du changement
« Cette 13e édition entend
montrer, démontrer que le
design est une ressource : il
a une place centrale dans un
monde fait de changements
et de mutations. Face aux
défis environnementaux, nous
sommes confrontés à une
réévaluation des méthodes de
production et de consommation
du monde développé. Le designer
a de la ressource : il est en
capacité, par sa créativité, sa
culture du projet, sa gestion
des contraintes, sa démarche
responsable, de dessiner des
mondes nouveaux, d’envisager
des améliorations ou des
adaptations qui prennent en
compte les exigences et les
enjeux sociétaux.
Avec quelles ressources le designer travaille-t-il aujourd’hui pour préparer demain ? Quand on parle de ressources, on parle de moyens (d’action), ce dont on a besoin pour faire face à une situation difficile, telle la crise multifactorielle que l’on traverse. L’exposition thématique phare de cette Biennale donne la parole à neuf designers, hommes et femmes, de tout âge et parcours, afin qu’ils explorent et prennent position sur un panel de ressources identifiées. »
Répondre aux interrogations
d’aujourd’hui
« La thématique Ressource(s),
présager demain prend en
compte les limites planétaires.
Comment faire dans un monde
limité et impacté par les
activités humaines à l’ère de
l’Anthropocène? Depuis un demisiècle,
nous sommes entrés
dans cette ère où les activités
humaines bouleversent climat et
écosystème. La difficulté est
de parvenir à se projeter dans
un tel futur sans sombrer dans
le pessimisme et la crainte d’un
effondrement. Les designers ne
sont pas des futurologues, ni
des devins.
Aussi, le terme présager invite à avancer avec prudence. La question n’est plus de savoir s’il y a changement, mais comment nous allons le vivre. Nous allons assister à des changements de paradigme dans notre manière de produire et de consommer, et donc de concevoir, dans un monde aux ressources (naturelles) limitées, qui nous impose d’être raisonnés et raisonnables.
La Biennale est un évènement qui dessine des pistes pour mieux s’orienter face aux grands enjeux du temps. »