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Conférence-IN

Lieu
La Platine, auditorium
3 rue Javelin Pagnon
Secteur
Cité du design - La Terrasse

Le design de l'attention

mardi 24 mars 2015

14:00 - 17:30


Séminaire de l'Institut de recherche et d'innovation du Centre-Pompidou,
coordonné par Igor Galligo et Bernard Stiegler.
Session invitée par la Biennale Internationale Design Saint-Etienne 2015 dans le cadre de l'exposition A-T-T-E-N-T-I-O-N
En collaboration avec le Random(lab) - ESADSE.


ATTENTION AUTOMATISÉE ET DESIGN D'INTERFACE

Avec Michel Paysant (Artiste, spécialisé dans les projets de recherche et de collaboration art / Science), Christian Licoppe (Professeur de sociologie au département de sciences économiques et sociales à Telecom Paristech) et Claudia Roda (professeur d'informatique à l'université américaine de Paris).

Si, comme l'a énoncé William James dans un chapitre fondateur des études psychologiques, « notre expérience se définit par ce à quoi nous acceptons de prêter attention », alors notre utilisation ubiquitaire des algorithmes de moteurs de recherche - aujourd'hui directement intégrés et préprogrammés dans des interfaces utilisant la technologie de l'Eyes Tracking - engendre une reconfiguration majeure de notre attention, de notre expérience, de nos formes de vie sociale et de nos rapports à nos environnements réels ou virtuels. Lorsque Google tente d'instaurer des lunettes permettant de superposer en direct - en temps réel - toute information du web sur les réalités que nous avons sous les yeux, cette imprégnation simulacrale de la carte sur (ou plutôt dans) le territoire extériorise par un dispositif technique la programmation algorithmique, qui dès lors peut régir automatiquement notre déplacement et notre appréhension culturelle de la réalité. L'Eyes Tracking, en tant que technologie de capture et de suivi de l'attention, fait également le bonheur des inventeurs de dispositifs du Quantified Self, qui permettent à l'usager de contrôler lui-même son comportement en fonction d'indications quantitatives transmises par le dispositif et établies par les choix paramétrés de l'usager. L'algorithme soutenu par la prothèse possiblement portative de l'interface (entre soi et le monde) implique que l'individu n'expérimente plus le monde, mais utilise, reçoit ou recherche seulement des données déjà expérimentées d'un objet (qui peut être soi-même) qui n'est plus expérimenté en tant que tel, mais simplement traité comme une référence à un monde pré-conditionné. C'est donc à une atrophie de la sensation et de l'expérience vers laquelle semble conduire une partie de l'innovation en design d'interface. Cette séance tentera d'en tracer les contours, et interrogera les oppositions nouvelles générées par ces nouvelles interfaces entre cybertemps et cyberespace.
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