Les marques chinoises et le design
À la recherche de l'équilibre
La première partie de l'exposition Équi-libre présente les premiers objets manufacturés à grande échelle de la Chine.
Comment passer d'usine du monde à vivier de marques propres ? Par le design répond Équi-libre, première exposition internationale d'objets chinois. L'occasion de découvrir l'étendue du parcours réalisé en quelques années par la Chine, invitée d'honneur de la XIe Biennale.
Il y a les indispensables bouteilles thermos flanquées de pivoines ou de fleur de prunier, symboles floraux de la Chine, des vélos, toujours personnalisés, d'étonnantes horloges très années 1950, un accordéon et des bouilloires, des enseignes vieillies... Dans la première partie de l'exposition Équi-libre, imaginée par l'artiste-entrepreneur Fan Zhe, une centaine d'objets posés sur des malles en bois évoquant les voyages en containers racontent un quotidien à peine révolu. Un hier, un ailleurs, où les ustensiles usuels ne portaient pas de griffes mondialement connues. Précieux, pourtant : dans chaque maison, ils étaient peu nombreux. La Chine devenait l'usine du monde, se faisait sous-traitant. Avant de se concentrer sur ses propres marques.
Chow Tai Fook, premier joaillier du monde
La puissance de production de la Chine est dantesque : trente marques de voitures naissent tous les quatre ans, les agences de design passent de 1 à 200 salariés en un clin d'œil, Ofo, la start-up qui avait apporté en Europe ses vélos en libre-service est capable de fabriquer 200 millions de deux-roues en trois mois. Chaque innovation, chaque objet - même le plus aberrants des gadgets électroniques (dits « shanzhai », car ils sont produits à Shenzhen) -, d'abord adoptée par la population locale, trouve un débouché sur un marché mondial qui ne semble lui-même trouver aucune limite...
C'est ainsi que Chow Tai Fook, la plus grande marque de joaillerie chinoise, a pu s'établir à la première place de la bijouterie internationale de luxe devant Cartier. Née en 1929, elle ouvre son premier magasin à Hong-Kong, en 1998. Elle fête cette année son 90e anniversaire en sponsorisant l'exposition et en présentant des vitrines imaginées par le designer et architecte Didier Faustino.
Vitrine de Didier Faustino pour Chow Tai Fook. Le designer et architecte a choisi l'image du feu, qui dit l'espérance en chinois, pour mettre en valeur la collection de bijoux Allumettes dessinée par Fan Zhe.
Pendentif chauve-souris, collection 17916 de Chow Tai Fook. L'animal, en Chine, est symbole de longévité et de prospérité. Son nom, biàn fû, comporte l'idéogramme « bonheur » fû, d'où son rôle de porte-bonheur.
Pendentif Nuage, collection 17916 de Chow Tai Fook. Homonyme de fortune en chinois, le nuage est un des multiples porte-bonheur du pays.
Série Wu Di de Chow Tai Wook. L'idéogramme Wu di "accompagnement" en cantonais est semblable à celle de "papillon". D'où l'enrichissement des significations.
Série Wu Di de Chow Tai Wook. L'idéogramme Wu di "accompagnement" en cantonais est semblable à celle de "papillon". D'où l'enrichissement des significations.
La vitrine, flamboyante, a été inspirée par le nom de la collection de bijoux qu'elle abrite - Allumette, par Fan Zhe, le commissaire de l'exposition -. Elle met en exergue le développement durable de la marque : en Chine, le feu est symbole d'espérance. L'installation ouvre l'espace contemporain d'Équi-libre avec une deuxième collection, 17916, qui déploie ses papillons sur des rondins de bois.
Lancée le 17 septembre 2016, d'où son nom, la collection est promise à un brillant avenir : son nom peut-être lu comme "cheminer ensemble", Wu di, idéogramme qui, en cantonnais, se rapproche de celui du papillon. En pendentif, le bel insecte, à moins que ce ne soient des cœurs enlacés, évoque également la légende de Liang Shanbo et Zhu Yingtai. Sans doute la plus populaire des romances en Chine, elle exalte le courage, la force de l'amour et l'espérance permettant de surmonter tous les obstacles. L'histoire se termine par l'image de deux papillons... Un halo de significations courant en Chine et dont les marques comme les designers étrangers s'emparent avec un savoir-faire évident. En faisant appel à des designers d'autres pays (comme en lançant un prix à son nom pour récompenser les jeunes designers - exposition à voir au Chambon-sur-Lignon) Chow Tai Fook se familiarise avec les langages du design international pour répondre au mieux au goût des consommateurs tout en gardant ses racines.
Lancée le 17 septembre 2016, d'où son nom, la collection est promise à un brillant avenir : son nom peut-être lu comme "cheminer ensemble", Wu di, idéogramme qui, en cantonnais, se rapproche de celui du papillon. En pendentif, le bel insecte, à moins que ce ne soient des cœurs enlacés, évoque également la légende de Liang Shanbo et Zhu Yingtai. Sans doute la plus populaire des romances en Chine, elle exalte le courage, la force de l'amour et l'espérance permettant de surmonter tous les obstacles. L'histoire se termine par l'image de deux papillons... Un halo de significations courant en Chine et dont les marques comme les designers étrangers s'emparent avec un savoir-faire évident. En faisant appel à des designers d'autres pays (comme en lançant un prix à son nom pour récompenser les jeunes designers - exposition à voir au Chambon-sur-Lignon) Chow Tai Fook se familiarise avec les langages du design international pour répondre au mieux au goût des consommateurs tout en gardant ses racines.
Vêtements en denim produit par HKS et designés par Ceci Shen.
HKS innove dans les fibres textiles
De l'autre côté de la vitrine, le visiteur découvre les surprenants tissus de Hong Kong Spinners group, un autre des partenaires de l'exposition. Les vêtements, designés par Ceci Shen, sont en denim, une des spécialité de la plus ancienne usine de filage moderne en Chine. Fondée en 1913 par le roi de la soie de Shanghai, elle a été la première usine a produire du jean dans le pays. Elle a aussi mis au point un fil élastique et le premier jean "étirable" au monde. Célèbre sur le marché mondial du denim pour ses tissus élastiques, ses velours côtelé et divers types de tissus spéciaux aux techniques combinées, elle compte plus de 8 000 salariés.
En 2016 et en 2017, elle investit encore dans le développement de la technologie des tissus, notamment: Full Fuction Denim (imperméable, antisalissure, anti-moisissure, facile à nettoyer, facile à sécher), Warm Denim ( léger et convervant la chaleur), Denim Double Indigo (teinture au fil), Ice Denim (qui n'est pas trop fin pour conserver la texture de la toile mais qui donne au porteur du vêtement une sensation de fraîcheur), jean réversible (teinture à double face) et technologie du photocatalyseur (pour éliminer les taches par combinaison de lumière et d'eau). Elle travaille aujourd'hui sur de nouveaux tissus plus durables en développant par exemple des fibres à base de carcasses de crabes...
De l'autre côté de la vitrine, le visiteur découvre les surprenants tissus de Hong Kong Spinners group, un autre des partenaires de l'exposition. Les vêtements, designés par Ceci Shen, sont en denim, une des spécialité de la plus ancienne usine de filage moderne en Chine. Fondée en 1913 par le roi de la soie de Shanghai, elle a été la première usine a produire du jean dans le pays. Elle a aussi mis au point un fil élastique et le premier jean "étirable" au monde. Célèbre sur le marché mondial du denim pour ses tissus élastiques, ses velours côtelé et divers types de tissus spéciaux aux techniques combinées, elle compte plus de 8 000 salariés.
En 2016 et en 2017, elle investit encore dans le développement de la technologie des tissus, notamment: Full Fuction Denim (imperméable, antisalissure, anti-moisissure, facile à nettoyer, facile à sécher), Warm Denim ( léger et convervant la chaleur), Denim Double Indigo (teinture au fil), Ice Denim (qui n'est pas trop fin pour conserver la texture de la toile mais qui donne au porteur du vêtement une sensation de fraîcheur), jean réversible (teinture à double face) et technologie du photocatalyseur (pour éliminer les taches par combinaison de lumière et d'eau). Elle travaille aujourd'hui sur de nouveaux tissus plus durables en développant par exemple des fibres à base de carcasses de crabes...
Shiwan, la grande marque d'alcool de riz chinoise existe depuis 190 ans. De gauche à droite : alcool de prune; Yu Bing Shao, un alcool de riz de la région Guangdong. Alcool
de riz série 1830 - nommé par l'année de la création du groupe; Shiwan Mijiu, alcool
de riz classique.
La belle histoire de Shiwan et du nouvel alcool de riz
Voici comment Chen Ruyue a inventé la technique d'élaboration du vin de la marque Shiwan Yubingshao reconnue comme patrimoine culturel immatériel de la province du Guangdong. Celui-ci a par ailleurs reçu le titre de Vin représentatif national, Produit représentatif du vin blanc chinois (pour son arôme de musc) et Produit national géographique en devenant le représentant de Guangdong Real Estate Wine avec trois reconnaissances nationales.
L'histoire se déroule pendant le règne de l'empereur Guangxu, sous la dynastie Qing, dans la famille Chen de Liangtang, la troisième génération qui tient le magasin d'alcools Chen Taiji. Chen Ruyue, le fils, a réussi l'examen impérial et a obtenu un poste comme chef de l'examen impérial de la province de Guizhou. En 1889, il démissionne de son poste et rendre dans sa ville natale pour hériter de son père.
À cette époque, l'alcool de riz avait un goût amer et montait facilement à la tête. Les buveurs le recherchaient d'abord pour l'ivresse; mais Chen Ruyue voulait un alcool à déguster. Il s'essaie donc à de nouvelles techniques de production, s'inspire de l'habitude de faire tremper des serpents dans de l'alcool de riz aromatisé d'herbes quand la viande vient à manquer. Chen développe le processus de vieillissement des morceaux de gras de cochon par trempage. Après une période d'expérimentation, il constate que le gras du porc absorbe les impuretés et offre un arôme unique : l'alcool est devenu clair et moelleux.
Comme le porc ajouté à l'alcool de riz ressemblait à un glaçon, la boisson a pris le nom de "Rou Bing Shao", vin de viande glacée. Et plus tard, puisque la prononciation des mots "viande" et "jade" se ressemblent, l'expression "Yu Bing Shao" devient synonyme de vin propre comme la glace et pur comme le jade. La marque est lancée en 1895. Ce vin est devenu un cadeau de mariage. Enfin, il a obtenu une consécration en devenant l'un des "Trois Tai": "Taiji Shao Jiu", "Maison de thé Taiyuan", "Bouillie nocturne de Tai Ping".
Au cours des décennies suivantes, le magasin d'alcool Chen Taiji a continué à se développer et a construit de nouveaux locaux pour la production d'alcool à Guangzhou, Hong Kong et Macao; ensuite il a développé ses exportations vers le sud-est asiatique.
Dans les années 1980, le volume des exportations a atteint 3 000 tonnes par an et a rapporté 3 millions de dollars. Désormais, le vin est exporté principalement aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Asie du Sud-Est. À voir dans la première partie de l'exposition.
Voici comment Chen Ruyue a inventé la technique d'élaboration du vin de la marque Shiwan Yubingshao reconnue comme patrimoine culturel immatériel de la province du Guangdong. Celui-ci a par ailleurs reçu le titre de Vin représentatif national, Produit représentatif du vin blanc chinois (pour son arôme de musc) et Produit national géographique en devenant le représentant de Guangdong Real Estate Wine avec trois reconnaissances nationales.
L'histoire se déroule pendant le règne de l'empereur Guangxu, sous la dynastie Qing, dans la famille Chen de Liangtang, la troisième génération qui tient le magasin d'alcools Chen Taiji. Chen Ruyue, le fils, a réussi l'examen impérial et a obtenu un poste comme chef de l'examen impérial de la province de Guizhou. En 1889, il démissionne de son poste et rendre dans sa ville natale pour hériter de son père.
À cette époque, l'alcool de riz avait un goût amer et montait facilement à la tête. Les buveurs le recherchaient d'abord pour l'ivresse; mais Chen Ruyue voulait un alcool à déguster. Il s'essaie donc à de nouvelles techniques de production, s'inspire de l'habitude de faire tremper des serpents dans de l'alcool de riz aromatisé d'herbes quand la viande vient à manquer. Chen développe le processus de vieillissement des morceaux de gras de cochon par trempage. Après une période d'expérimentation, il constate que le gras du porc absorbe les impuretés et offre un arôme unique : l'alcool est devenu clair et moelleux.
Comme le porc ajouté à l'alcool de riz ressemblait à un glaçon, la boisson a pris le nom de "Rou Bing Shao", vin de viande glacée. Et plus tard, puisque la prononciation des mots "viande" et "jade" se ressemblent, l'expression "Yu Bing Shao" devient synonyme de vin propre comme la glace et pur comme le jade. La marque est lancée en 1895. Ce vin est devenu un cadeau de mariage. Enfin, il a obtenu une consécration en devenant l'un des "Trois Tai": "Taiji Shao Jiu", "Maison de thé Taiyuan", "Bouillie nocturne de Tai Ping".
Au cours des décennies suivantes, le magasin d'alcool Chen Taiji a continué à se développer et a construit de nouveaux locaux pour la production d'alcool à Guangzhou, Hong Kong et Macao; ensuite il a développé ses exportations vers le sud-est asiatique.
Dans les années 1980, le volume des exportations a atteint 3 000 tonnes par an et a rapporté 3 millions de dollars. Désormais, le vin est exporté principalement aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Asie du Sud-Est. À voir dans la première partie de l'exposition.
En lien
Fan Zhe, artiste multicarte
Originaire de Liaoning, dans le nord-est de la Chine, Fan Zhe, est le commissaire d'exposition d'Equi-Libre. Artiste, médiateur...
Exposition
Équi-Libre
Équi-Libre, panorama de la situation actuelle du design chinois, présente la naissance d'un design chinois qui accompagne la...
La lettre de la Cité
S'inscrire
Inscrivez-vous pour recevoir l’actualité du design vue de Saint-Étienne
S'inscrire