Cinq scénarii imaginés par des urbanistes et des architectes à partir d'études de cas. Tout sur l'exposition proposée par Shenzhen, ville créative de l'Unesco.

Première zone économique spéciale (bénéficiant de loi plus libérales), Shenzhen est une ville chinoise pleine de vitalité, innovante et ouverte sur le monde. Si l'on devait se contenter d'un mot pour la décrire ce serait « production ». Celui-ci représente bien le chemin parcouru par la ville.
Il y a trente ans, Shenzhen fabriquait des produits bas de gamme en masse. Aujourd'hui, elle peut s'enorgueillir d'abriter un grand nombre d'entreprises high-tech de renommée mondiale. Cette transformation se situe au carrefour du hasard et de la nécessité : entre développements conflictuels et coïncidences favorables, la ville a su tirer parti de la nouvelle génération technologique. La production de marchandises, réelles ou virtuelles, entraine inévitablement des interactions avec l'espace urbain. Alors que la nature des produits fabriqués change, la ville subit un processus non conventionnel de production d'espace.

Production d'objets réels ou virtuels

Nous vivons la 4^e révolution technologique. Tout comme les premières révolutions industrielles, en améliorant la productivité et en augmentant le nombre de produits fabriqués, ont influencé le développement social, cette révolution pose de nouveaux défis. Les infrastructures, la logique de production et le tissu social subissent des changements.
Les problèmes urbains d'aujourd'hui se nourrissent d'analyses prospectives et d'expériences misent en scène dans l'exposition. Elle démarre avec cinq études de cas : les contrôles douaniers à la frontière Shenzhen-Hong Kong, la zone high-tech de Shenzhen (Huaqiangbei), Xiasha Square et le village de Dafen. Ces prototypes spatiaux uniques illustrent le processus de production urbaine non conventionnelle. Les urbanistes, architectes et artistes créent cinq scénarii : sociologique, scientifique et technologique, autour du rapport infrastructures et environnement, concernant l'urbanisme et l'architecture et, enfin, s'intéressant à l'art. Ils imaginent le futur de Shenzhen, réfléchissent aux questions d'urbanisme et prédisent le futur milieu de vie des habitants.

Les cinq environnements
- La frontière. L'ouverture des douanes à la frontière entre Shenzhen et Hong Kong servent de catalyseur à la naissance de Shenzhen. La Chine, autrefois fermée, a ainsi été reliée au monde extérieur. La découverte des différences qui existaient de l'autre côté de la frontière ont créé des opportunités et une certaine mobilité qui ont façonné Shenzhen et impacté toute la Chine.

- Huaqiangbei, la zone high-tech, est connu du monde extérieur comme la « Ville de fabrication d'équipements exotiques », la « Silicon Valley du matériel informatique » et le « Paradis des industries manufacturières ».  Au fil des ans, le quartier s'est transformé en fourmilière pour devenir la zone de production de la ville. Il regroupe de nombreuses entreprises technologiques telles que Tencent et DJI. Ici, l'avenir scientifique et technologique de la ville est entre les mains des très nombreux entrepreneurs innovants qui travaillent dans les milliers de bureaux des pépinières d'entreprises.

- Le marché de Huaqiangbei. Ici se vend tout ce qu'il est possible de produire en électronique et en high-tech.

- Xiasha Square, en centre-ville, et le quartier populaire de Xiasha, constituent un espace public partagé qui intègre les traditions sociales des clans et des immigrants. Il entretient une relation particulière avec les danseurs de rue et les chansons folkloriques.

- Le village de Dafen est un atelier géant et un marché. Il se consacre essentiellement à la reproduction de peintures à l'huile occidentales. Dans ce quartier pseudo-artistique adepte du taylorisme, des peintres s'affranchissent de la production répétitive pour créer leurs propres œuvres d'art comme leur cadre de vie.

Esquisse de cinq scénarii possibles
Shenzhen est une ville à forte densité d'immigrés qui n'a que quarante ans d'histoire derrière elle. Du point de vue sociologique, elle est un lieu d'échange et d'interactions multiples.
En tant que vitrine de la réforme chinoise et de l'ouverture sur le monde, elle a une perception particulièrement aiguë des nouveautés (notamment dans le domaine des sciences et technologies d'avant-garde).
Avec son port en eau profonde, elle est un lieu d'arrivée et de départ pour les cargos du monde entier. Elle est ouverte sur le monde, intégrée à la mondialisation.
Comme zone économique spéciale, elle a été construite très rapidement sur un modèle extrêmement intégré. Sa forte densité de population se retrouve dans son type d'urbanisme et de construction.
D'un point de vue territorial, Shenzhen se trouve à la frontière. De nombreuses personnes (en particulier des artistes) sont venus y chercher un air de liberté.
Par conséquent, interaction, perception, intégration, densité et liberté sont les mots clés qui nous permettent de comprendre cette ville.

Une exposition préparée par Doreen Heng Liu, NODE Architecture & Urbanisme, Shenzhen. A voir dans Equi-libre.