La fontaine, source géothermale de la ville, rejette, lors des phases sismiques, les gaz contenus entre les couches sédimentaires. © Margot Behr
Stefania 2052
Attention pollution
La fontaine, source géothermale de la ville, rejette, lors des phases sismiques, les gaz contenus entre les couches sédimentaires. © Margot Behr
La ville érigée par les étudiants de l'École supérieur d'art et design de Saint-Étienne (Esadse) a été inauguré le 20 mars 2019 sous les hourras d'une foule déchaînée. Elle vit maintenant au rythme effréné d'une année par jour. Récit (et questions existentielles).
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3 décembre 2041
Attention, épisode de pollution en cours
Durée estimée : trois mois
Message à l'attention des plus fragiles
Ces recommandations sont à destination des personnes se reconnaissant comme sensibles lors des pics de pollution et/ou dont les symptômes apparaissent ou sont amplifiés lors des pics :
Pour tout autre personne, et hors vague de pollution :
Margot Behr
Attention, épisode de pollution en cours
Durée estimée : trois mois
Message à l'attention des plus fragiles
Ces recommandations sont à destination des personnes se reconnaissant comme sensibles lors des pics de pollution et/ou dont les symptômes apparaissent ou sont amplifiés lors des pics :
- En cas de gêne respiratoire ou cardiaque, prenez conseil auprès d'un professionnel de santé.
- Privilégiez des sorties plus brèves et celles qui demandent le moins d'effort.
- Prenez conseil auprès de votre médecin pour savoir si votre traitement médical doit être adapté le cas échéant.
Pour tout autre personne, et hors vague de pollution :
- Privilégiez l'usage des transports en commun ou des mobilités douces : skateboard, trottinette, vélo.
- N'allumez pas votre cheminée.
- Ne mangez pas trop et limitez vos consommations de boissons chaudes.
Margot Behr
La fontaine, source géothermale de la ville, rejette, lors des phases sismiques, les gaz contenus entre les couches sédimentaires. © Margot Behr
La pollution à Stefania est liée à l'émission de particules fines, comme partout sur la planète en 2041. Les facteurs géologiques amplifient ses effets. © Margot
Behr
Les instruments acoustiques, ne réapparaissent à Stefania que lors des fêtes les plus traditionnelles (ici, un mariage) ©S. Binoux
Novembre 2035
Trois petites notes de Stefania
Au détour d'une rue, je fais la rencontre de Jean, de passage dans notre ville. Il a parcouru quelques milliers de kilomètres avant d'arriver ici. Jean est ethnomusicologue, son style vestimentaire, son allure de nomade parcourant le monde avec sa guitare induisent ses sujets d'études. Jean étudie des courant musicaux proches du folk et des musiques vernaculaires, de celles qu'on joue sans partitions, issues de pratiques qui ne s'écrivent pas. S'il est à Stefania, c'est parce qu'il a entendu qu'ici la musique emplissait l'espace urbain. Pas un jour ne passe sans qu'on y invite d'autres à partager leurs sons, au point que le club de la ville est devenu un nœud urbain. Les citoyens délaissent les espaces institutionnels pour se réunir dans ce lieu festif.
La musique électronique occupe la ville, synthétisant les sons environnants, des tréfonds atmosphériques à sa périphérie étendue. Historiquement, le club traditionnel n'avait trouvé place en milieu urbain que parce que la ville, policée, lui imposait une isolation phonique poussée et des règlements stricts, ces établissements trouvaient donc plus facilement leurs places dans des rues excentrées ou dans des aires périurbaines. Aujourd'hui, le changement climatique aidant, les bâtiments ont évolué jusqu'à devenir de plus en plus aérés, les toits et les murs disparaissent au profit d'espaces flous qui s'entremêlent les uns les autres. L'effacement des barrières architecturales permet, selon les usages de faire déborder l'espace autrefois restreint jusqu'au bout de la ville.
En réaction à la mondialisation massive de notre société avant les années 20, la musique, suivant un modèle décroissant a retrouvé une échelle locale. Des petits groupes, composant sans techniques de reproduction de sons, in vivo, ont prospéré dans la plupart des villes du globe. Jean se demande pourquoi à Stefania la musique électronique s'est développée intensivement alors que le modèle urbain contemporain accueille plus volontiers des musiques acoustiques. Il décèle un facteur environnemental, ce serait de l'architecture de la ville qu'aurait découlé la production musicale. Des rues étroites, des bâtiments étriqués auraient empêché des formations musicales acoustiques, qui réclament de l'espace pour les ensembles et les instrumentistes.
Les citoyens de Stefania ont développé des instruments à l'échelle de leur ville, adaptés au lieu. Leur caisse transportable, sur roues permet d'essaimer des basslines, du Club à la ville et ses frontières. Les citoyens de Stefania rêvent la place de leur musique comme s'inscrivant dans l'héritage des espaces dessinés par Ettore Sottsass en 1973 dans la série Il pianeta come festival : la ville et son club ne sont plus conçus pour et par la musique mais la musique est composée par et pour la ville.
Margot Behr
Trois petites notes de Stefania
Au détour d'une rue, je fais la rencontre de Jean, de passage dans notre ville. Il a parcouru quelques milliers de kilomètres avant d'arriver ici. Jean est ethnomusicologue, son style vestimentaire, son allure de nomade parcourant le monde avec sa guitare induisent ses sujets d'études. Jean étudie des courant musicaux proches du folk et des musiques vernaculaires, de celles qu'on joue sans partitions, issues de pratiques qui ne s'écrivent pas. S'il est à Stefania, c'est parce qu'il a entendu qu'ici la musique emplissait l'espace urbain. Pas un jour ne passe sans qu'on y invite d'autres à partager leurs sons, au point que le club de la ville est devenu un nœud urbain. Les citoyens délaissent les espaces institutionnels pour se réunir dans ce lieu festif.
La musique électronique occupe la ville, synthétisant les sons environnants, des tréfonds atmosphériques à sa périphérie étendue. Historiquement, le club traditionnel n'avait trouvé place en milieu urbain que parce que la ville, policée, lui imposait une isolation phonique poussée et des règlements stricts, ces établissements trouvaient donc plus facilement leurs places dans des rues excentrées ou dans des aires périurbaines. Aujourd'hui, le changement climatique aidant, les bâtiments ont évolué jusqu'à devenir de plus en plus aérés, les toits et les murs disparaissent au profit d'espaces flous qui s'entremêlent les uns les autres. L'effacement des barrières architecturales permet, selon les usages de faire déborder l'espace autrefois restreint jusqu'au bout de la ville.
En réaction à la mondialisation massive de notre société avant les années 20, la musique, suivant un modèle décroissant a retrouvé une échelle locale. Des petits groupes, composant sans techniques de reproduction de sons, in vivo, ont prospéré dans la plupart des villes du globe. Jean se demande pourquoi à Stefania la musique électronique s'est développée intensivement alors que le modèle urbain contemporain accueille plus volontiers des musiques acoustiques. Il décèle un facteur environnemental, ce serait de l'architecture de la ville qu'aurait découlé la production musicale. Des rues étroites, des bâtiments étriqués auraient empêché des formations musicales acoustiques, qui réclament de l'espace pour les ensembles et les instrumentistes.
Les citoyens de Stefania ont développé des instruments à l'échelle de leur ville, adaptés au lieu. Leur caisse transportable, sur roues permet d'essaimer des basslines, du Club à la ville et ses frontières. Les citoyens de Stefania rêvent la place de leur musique comme s'inscrivant dans l'héritage des espaces dessinés par Ettore Sottsass en 1973 dans la série Il pianeta come festival : la ville et son club ne sont plus conçus pour et par la musique mais la musique est composée par et pour la ville.
Margot Behr
Devant le crassier, les futures mariées se préparent à rencontrer la foule. ©S. Binoux.
Mai 2028
Cécile et Lisa se sont dit oui dans le lieu (coulant) de culte
Sous un soleil de plomb, les invités attendent patiemment les futures mariées. Le soleil tape sur les crânes brûlants et la tentation est forte de se désaltérer avec de l'authentique coulure, boisson prisée par les néo-dionysiaques. Ces croyances, issues d'anciens rites païens, ont longtemps été dénigrées, mais à Stefania, tous semblent reconnaître ces pratiques comme officielles.
Les élues se font attendre et le public enchanté boit de plus en plus sous les encouragements de Tino, le prêtre. Sa tenue, une espèce de cagoule blanche dotée d'oreilles, protège sa tête des rayons solaires. Peut-être est-ce pour cela qu'il est moins sensible à la boisson qu'il distribue au public, le nombre important de cérémonies qu'il conduit oblige à une telle protection. L'authentique coulure recouvre l'autel, son odeur parfume l'espace comme l'audience. Le public projette des paillettes, augure d'un avenir brillant.
Cécile et Lisa s'avancent dans la rue principale jusqu'au lieu de culte. Là, les voilà enchaînées par des alliances qui marquent dans leurs chairs le pacte qu'elles passent l'une avec l'autre. Les bagues symboliques ne suffisaient plus à maintenir les couples soudés, les anneaux sont désormais dotés d'une chaîne. Les deux jeunes femmes trempent leurs mains dans une substance visqueuse, dans ce ciment de l'allégeance mutuelle qu'elles se promettent. C'est une journée pleine de joie qui s'achève avec leur étreinte.
Margot Behr
Cécile et Lisa se sont dit oui dans le lieu (coulant) de culte
Sous un soleil de plomb, les invités attendent patiemment les futures mariées. Le soleil tape sur les crânes brûlants et la tentation est forte de se désaltérer avec de l'authentique coulure, boisson prisée par les néo-dionysiaques. Ces croyances, issues d'anciens rites païens, ont longtemps été dénigrées, mais à Stefania, tous semblent reconnaître ces pratiques comme officielles.
Les élues se font attendre et le public enchanté boit de plus en plus sous les encouragements de Tino, le prêtre. Sa tenue, une espèce de cagoule blanche dotée d'oreilles, protège sa tête des rayons solaires. Peut-être est-ce pour cela qu'il est moins sensible à la boisson qu'il distribue au public, le nombre important de cérémonies qu'il conduit oblige à une telle protection. L'authentique coulure recouvre l'autel, son odeur parfume l'espace comme l'audience. Le public projette des paillettes, augure d'un avenir brillant.
Cécile et Lisa s'avancent dans la rue principale jusqu'au lieu de culte. Là, les voilà enchaînées par des alliances qui marquent dans leurs chairs le pacte qu'elles passent l'une avec l'autre. Les bagues symboliques ne suffisaient plus à maintenir les couples soudés, les anneaux sont désormais dotés d'une chaîne. Les deux jeunes femmes trempent leurs mains dans une substance visqueuse, dans ce ciment de l'allégeance mutuelle qu'elles se promettent. C'est une journée pleine de joie qui s'achève avec leur étreinte.
Margot Behr
Léo, le Prêtre (Martin Caillaud) et le Musicien (Martin Sauvadet) commencent la cérémonie et font patienter la foule nombreuse et agitée. ©S. Binoux
Bousculade autour de la fontaine. La foule acclame les futures mariées qui s'avancent vers le lieu de culte. ©S. Binoux
Les proches et tout Stefania se réjouit d'une union à venir. ©S.Binoux
Les deux mariées (Cécile Van der Haegen et Lisa Venerito) après l'échange des vœux devant l'autel. ©S. Binoux
Le Musicien (Martin Sauvadet), auteur de la bande originale d'une cérémonie qui a réuni toute la communauté de Stefania et ses visiteurs. ©S. Binoux
Mains de mariées aux alliances enchaînées.
A Stefania, le symbolique ne suffit plus. Pour souder les couples, les bagues sont physiquement liées puis les mains sont plongées dans le plâtre de la coulure
(dans le monde liquide cher à Zygmunt Bauman, le ciment n'a plus cours). ©S. Binoux
A Stefania, le symbolique ne suffit plus. Pour souder les couples, les bagues sont physiquement liées puis les mains sont plongées dans le plâtre de la coulure
(dans le monde liquide cher à Zygmunt Bauman, le ciment n'a plus cours). ©S. Binoux
Leo le Prêtre, offre l'authentique coulure en libation. ©S. Binoux
L'étreinte (des poèmes, dit-on, ont été écrits depuis, si vous les avez vus, lus, entendus, écrivez nous...). ©S. Binoux
Les deux mariées s'éloignent après la cérémonie. Nous attendons les noms des créateurs de leurs robes et costumes. Nous vous les fournirons dès que l'information nous sera parvenue.
©S. Binoux
©S. Binoux
Collection 2026 d'Entreprise, le célèbre chausseur. La présentation trisannuelle marque le retour de la tatane. ©Margot Behr
Octobre 2026
Je rencontre deux responsables de l'Entreprise à l'occasion de la sortie de leur nouvelle gamme de chaussures. Le pôle R&D finalise la collection. « C'est le grand retour de la tatane », m'informe une experte en tendances. Tout comme trente ans avant personne n'aurait misé sur les crocs, le nu-pied à l'air un peu pataud reprend ses lettres de noblesse. Concernant les couleurs, un rose Reims et un bleu Qingdao cohabitent fièrement en modèles phares de la collection. Les déformations podologiques des citoyens de Stefania expliquent certainement le retour d'une chaussure qui mise sur le confort. Depuis le retour d'une fontaine et d'un sauna en ville les habitants passent jusqu'à 5 h par jour les pieds dans l'eau.
Avec une collection restreinte à dix modèles tous les trois ans, l'Entreprise s'est réinventée, alors que leurs concurrents s'engageaient à corps perdu dans la fast fashion, elle a joué la carte de la rareté. Le produit n'est pourtant pas d'une facture luxueuse, la matière première est issue de déchets. Derrière l'usine, un Crassier de résidus plastique sert de ressource à la production de baskets. Démarche vertueuse, le réemploi de matériaux pour une production limitée a longtemps répondu à une quête de sens pour l'industrie. Aujourd'hui, quelques voix s'élèvent, le Crassier, emblème de la ville est de moins en moins fourni, certains anciens de Stefania regrettent la disparition des déchets qui le composent. Un temps indésirable, le plastique a-t-il une valeur patrimoniale ?
Je finis ma visite de l'Entreprise sur ces quelques incantations répétées en cadence par les ouvriers : « L'Entreprise aime la planète, l'Entreprise est familiale, les enfants aiment travailler à l'Entreprise ». Je pars avec une sensation ambiguë vis-à-vis de leur politique.
Margot Behr
Je rencontre deux responsables de l'Entreprise à l'occasion de la sortie de leur nouvelle gamme de chaussures. Le pôle R&D finalise la collection. « C'est le grand retour de la tatane », m'informe une experte en tendances. Tout comme trente ans avant personne n'aurait misé sur les crocs, le nu-pied à l'air un peu pataud reprend ses lettres de noblesse. Concernant les couleurs, un rose Reims et un bleu Qingdao cohabitent fièrement en modèles phares de la collection. Les déformations podologiques des citoyens de Stefania expliquent certainement le retour d'une chaussure qui mise sur le confort. Depuis le retour d'une fontaine et d'un sauna en ville les habitants passent jusqu'à 5 h par jour les pieds dans l'eau.
Avec une collection restreinte à dix modèles tous les trois ans, l'Entreprise s'est réinventée, alors que leurs concurrents s'engageaient à corps perdu dans la fast fashion, elle a joué la carte de la rareté. Le produit n'est pourtant pas d'une facture luxueuse, la matière première est issue de déchets. Derrière l'usine, un Crassier de résidus plastique sert de ressource à la production de baskets. Démarche vertueuse, le réemploi de matériaux pour une production limitée a longtemps répondu à une quête de sens pour l'industrie. Aujourd'hui, quelques voix s'élèvent, le Crassier, emblème de la ville est de moins en moins fourni, certains anciens de Stefania regrettent la disparition des déchets qui le composent. Un temps indésirable, le plastique a-t-il une valeur patrimoniale ?
Je finis ma visite de l'Entreprise sur ces quelques incantations répétées en cadence par les ouvriers : « L'Entreprise aime la planète, l'Entreprise est familiale, les enfants aiment travailler à l'Entreprise ». Je pars avec une sensation ambiguë vis-à-vis de leur politique.
Margot Behr
Au duty-free, où sont vendues les chaussures, juste avant l'inauguration de Stefania. ©Soizic b.
Mai 2025
C'est un grand jour à Stefania, la ville teste un nouveau mode d'élection reprenant le célèbre principe des chaises musicales. Deux déléguées du Haut Secrétariat à l'Innovation des Instances Incrémentales se sont installées dans le Club afin de réaliser des expériences de terrain. Chaque mois, pendant un an elles sélectionnent au hasard des citoyens et des visiteurs, afin de leur faire tester un nouveau mode de scrutin. Le principe est simple, 10 chaises, 11 participants, tout le monde danse sur la musique, lorsque le son s'arrête, chacun s'assoit sur une chaise, le dernier debout est éliminé. On enlève une chaise et on recommence, jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un.
Élection à Stefania : le jeu de la chaise musicale comme mode de scrutin pose question aux observateurs internationaux. ©Margot Behr
L'expérience soulève déjà quelques questions, la population attend encore des bilans. Il semblerait que ce mode d'élection laisse la place au plus fort, est-il pertinent de sélectionner un représentant sur des critères physiques ? Par extension, les citoyennes ont eu plus de mal à participer à ce mode de scrutin, laissant facilement leur place sous les railleries de leurs camarades de genre identifié masculin. Pourtant ce sont bien des « elle » qui mènent la danse, allumant et coupant la musique. La sélection par critère de genre binaire laisse-t-elle la place à chacun ? Élément à noter, il semblerait que les participants n'aient pas été informés de l'expérience, se laissant plus séduire par le jeu et la danse que par la lutte pour la victoire et l'obtention du pouvoir. Est-ce un biais à cette étude scientifique ou bien une vraie solution à appliquer pour les prochaines élections à Stefania ?
Juillet 2025
Cet été encore il fait une chaleur étouffante, depuis que le cap des 2°C d'augmentation de la température a été dépassé sur notre vaisseau Terre, c'est l'occasion d'arpenter les recoins de Stefania, dans quelques ruelles ombragées. Le son d'une visseuse m'appelle. Je m'approche du squat : c'est ici que sont fabriqué les artefacts pour habiter notre ville. Au détour d'une conversation je fais la connaissance de Marine. La jeune femme est une étudiante annécienne de passage à Stefania pour deux ans. Elle a fait un peu de route pour arriver jusqu'ici et prend ses marques dans la grande boîte qu'est le squat. Marine a apporté dans ses bagages des objets qu'elle a « emprunté » à deux de ses amies chinoises.
Objets rapportés d'un voyage rêvé en Chine. ©Margot Behr
Objets rapportés d'un voyage rêvé en Chine. (Vérification des faits par la rédaction : il s'agit en fait de matériel "emprunté" à des amies. Question : peut-on vraiment voyager dans le sac des filles ?) ©Margot Behr
Elle me les présente comme ses objets, à elle, qu'elle aurait rapporté d'un voyage rêvé en Chine. Une grenouille à ressort, une petite théière et un jeu de carte sont posés sur ce qui s'apparente à sa table de chevet. Ce n'est pas la première fois que Marine s'approprie l'identité d'un autre. Souvent elle réserve une place dans un covoiturage et change d'identité, elle s'invente la vie d'une autre pour voyager. Dans son sac elle a aussi une liasse de billets qu'elle a acheté dans une épicerie chinoise. Un temps, elle a tenté de les utiliser comme monnaie dans notre ville, elle sait qu'il est de mauvais augure de garder ces billets trop longtemps. En Chine, ces liasses sont destinées aux cérémonies funéraires, elles sont brûlées pour porter fortune aux morts. Elle prévoit elle aussi une cérémonie pour dire au revoir à Stefania, qui, prédit l'oracle, devrait voir sa fin aux alentours de l'an 2050.
Margot Behr
Marine Rieunier est en Master 2 à l'École supérieure d'art Annecy-alpes en option « design et espace ». Elle travaille la frontière poreuse entre art et design par le biais de la fiction et de la narration autour d'objets et traces qu'elle récolte.
Margot Behr
Marine Rieunier est en Master 2 à l'École supérieure d'art Annecy-alpes en option « design et espace ». Elle travaille la frontière poreuse entre art et design par le biais de la fiction et de la narration autour d'objets et traces qu'elle récolte.
Rappel historique, proposition de visite des archives : Stefania ne s'est pas élevée en un jour. Récit de son édification ici.
La lettre de la Cité
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